Mettre un enfant dans "une case" ou lui attribuer une étiquette. Quel impact pour lui ? Qu’il soit turbulent, rapporteur ou colérique ne lui doit-on pas l'écoute au même titre que les autres enfants ?

De toute façon toi tu es tout le temps en train de te plaindre !

Ce matin je suis sortie de l’école de mon fils en colère contre la réponse qui lui a été faite hier et celle que j’ai également reçue.

Si vous n’avez pas vu mes stories Instagram ce matin voici en quelques mots le contexte.

Au réveil, alors que j’aidais Loulou à s’habiller il me dit « hier un garçon m’a dit que j’étais une bouteille et que je ne savais pas jouer au foot ». Des enfantillages de cour d’école que vivent chaque jour nos enfants. Je lui ai simplement répondu « tu sais quoi, tu vas t’entraîner au foot et tu verras ensuite tu sauras mieux jouer 😉 ».

Sauf que Loulou continue « j’en ai parlé à l’ATSEM et elle m’a dit « de toute façon tu es toujours en train de te plaindre et tu fais plein de bêtises » ».

J’en ai parlé à mon mari (parce que je me connais et que je peux réagir vivement parfois lorsqu’il s’agit de mon fils) qui me dit « effectivement ce n’est pas une réponse très appropriée ». Je décide donc d’en parler ce matin à la personne concernée pour avoir sa version, savoir ce qui s’est passé, éclaircir la situation, lui dire que je n’ai pas trouvé cela très approprié… quelque chose, en somme, que je trouve tout à fait normal.

Je ne vais pas vous relater toute la conversation mais voici un petit condensé des différentes phrases que j’ai entendues :

« Je ne crois pas avoir dit ça. De toute façon si vous préférez croire votre enfant. Votre fils est toujours très en demande avec les adultes, c’est sans arrêt. Je prends déjà beaucoup de temps avec lui mais après si vous préférez je peux arrêter de m’occuper de lui. Je ne vous dis pas tout ce qu’il fait à la cantine, par exemple l’autre jour il s’amusait à mimer un pistolet avec ses mains et à tuer ses copains, je ne trouve pas ça très approprié non plus (le rapport avec ce dont je lui parlais ????!!!) ».

Double … …

Franchement je suis sans voix. Ou plutôt non, cela me donne envie d’hurler.

Il ne s’agit pas ici de faire le procès de cette personne, sur ses propos ou sa (non) bienveillance. J’ai presque envie de dire que là n’est pas la question. Nous ne sommes pas tous équipés des mêmes capacités d’écoute, de dialogue et de bienveillance (même si face à quelqu’un faisant partie du système scolaire j’attendais, je l’avoue, une réaction tout autre).

Vous savez ce qui me révolte le plus ? Qu’on l’ai mis dans une case !

Oui mon fils est un enfant à grand besoin. Oui il peut être « pénible », il vient régulièrement voir les adultes pour leur faire part d’un petit bobo, d’un besoin, d’une contrariété etc… Oui il doit évoluer sur ce point et apprendre à gérer les petites contrariétés seul et ne solliciter l’adulte que si le problème à résoudre est « important ». Sait-il seulement faire la différence entre ce qui est « vraiment grave/important » ou ce qui ne l’est pas ? Nous lui demandons au quotidien de gérer ses colères, émotions et frustrations et lui disons régulièrement qu’il vaut mieux s’adresser à un adulte ou demander de l’aide plutôt que de laisser parler son corps face à une situation. N’est ce pas ce qu’il a fait ?

Ce qui m’a mis en colère c’est cette généralité d’étiqueter un enfant face à son comportement habituel. Je parle ici de n’importe quel enfant. Même le plus turbulent ou tyrannique qui puisse exister. Parce qu’un enfant est souvent turbulent alors il n’a pas le droit d’être écouté ?

Je trouve ça dingue et principalement pour 2 raisons.

La première, c’est un cercle vicieux. L’enfant a des choses à nous dire de part son comportement (quel qu’il soit). Si on refuse de l’écouter lorsqu’il vient nous voir quel impact croyez-vous que cela puisse avoir sur lui ? « Je suis venu, on ne m’a pas écouté ». Cela le renferme d’autant plus dans son mal être et ne lui apprend pas à gérer une situation. Son comportement continuera « de faire parler de lui » puisque sa voix n’a pas suffi.

La seconde, que se passera-t-il le jour où l’enfant viendra pour quelque chose de vraiment important mais que l’on aura pris l’habitude de ne pas l’écouter ? Vous allez peut-être dire que j’extrapole ou que j’en fais des caisses mais n’est-ce pas comme ça que certains enfants harcelés sont restés sous silence ? Que des situations dîtes banales ont finies par empirer (du point de vue de l’enfant) ? Pour moi, le mal être que ressentent certains enfants commence ici. Que ce soit dans un contexte familial ou à l’école.

Vous l’aurez compris je suis très en colère. On ne laisse pas un enfant seul face à une question, une frustration ou un mal être. Non. On écoute, on mesure l’importance ou la gravité de l’information donnée et on réagit en conséquence. C’est notre rôle en tant qu’adulte. Nous sommes leurs guides. Sans nous, piliers, l’enfant est démuni. Continuons de leur apprendre qu’ils peuvent avoir confiance en l’adulte !

Cela arrive effectivement à tout le monde, je le conçois. Une irritabilité, un trop plein comme on dit qui fait qu’à un moment donné le comportement que l’on peut avoir face à un enfant ou la réponse qu’on lui donne nous « échappe » ou ne soit pas appropriée. Nous sommes humains, et non des machines, avec nous aussi des émotions à gérer. Je vous en parlais d’ailleurs dans cet article où je vous disais que je n’étais pas une mère infaillible. Par contre, il faut à mon sens savoir revenir sur la situation. Car l’enfant, lui, ne sait pas faire la part des choses entre tout ce qu’il entend. J’espère ainsi, que ma tentative de discussion de ce matin aura au moins permis de soulever ceci.

L’avenir nous le dira…

Un petit mot, un avis, une question, laissez-moi un commentaire… j’y répondrai avec plaisir

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6 commentaires sur “De toute façon toi tu es tout le temps en train de te plaindre !”

  1. Je trouve ça dingue mais en même temps, malheureusement, ça ne me surprend pas. J’ai l’impression que si ce n’est pas déjà fait par certains parents (et je ne parle pas de toi), les enfants seront étiquettés dès leur arrivée en collectivité avec la crèche…
    Et puis la phrase “vous préférez croire votre fils”… Ben normal quoi ! Quitte à discuter.
    Je ne commente pas plus ce soir car j’ai les neurones en compote mais je comprends et te remercie d’avoir mis les mots sur ce type de comportements trop souvent banalisé

  2. Une amie a vécu une expérience similaire. Ça a été très dur pour elle à gérer. Donc je comprends votre ressenti.. Ça ne devait pas être facile à entendre de la bouche de votre enfant mais les mots de son ATSEM me laissent sans voix… Etiqueter les enfants dont on doit prendre soin… C’est bien dommage.
    Je pense à vous, j’imagine que ca doit être une période complexe…
    A bientôt,
    Charlotte.

  3. Nul l’ATSEM de répondre « je ne vous dis pas ce qu’il a fait votre petit, ce n’est pas approprié ». Elle est bête, car c’est un enfant. Elle, c’est une adulte, elle doit donc avoir des réactions plus réfléchies qu’un enfant de 5 ans….
    En tout cas, c’est bien que ton fils t’en ait parlé. Il peut trouver réconfort en toi. Sinon, je trouve qu’il a bien fait de rapporter ce qui le chagrinait à l’ATSEM. Ce n’est pas grand chose, mais lui dire qu’il se plaint tout le temps, c’est nul. pffff.. je suis désolée pour vous, j’espère que vous pourrez trouver des ressources ailleurs.

  4. Je te comprends. J’en ai subi pas mal avec mon fils de 7 ans. Pas plus tard qu’hier, il a fait pipi sur lui (ça ne lui arrive jamais sauf qu’il a attendu la dernière minute pour y aller et bam, juste après la récré, c’est arrivé) et toute sa classe s’est moquée de lui. Il est sensible, il a pleuré, n’a pas compris pourquoi les enfants se moquaient. J’étais triste et révoltée. D’ailleurs, c’est une petite fille de sa classe qui est venue me prévenir à la sortie des classes. J’avoue que j’ai eu envie de lui dire « mêle-toi de tes affaires’ car j’ai senti l’envie d’humilier malgré son jeune âge. La prof est gentille mais débordée et ne s’est pas rendue compte Ce que je constate, c’est que malheureusement, rien n’a changé en trente ans. On étiquette, on se moque. Il y a tellement mieux à faire, je trouve.

  5. C ‘est touchant ce que tu racontes Magaly. Moi non plus ca ne me surprend pas malheureusement. Le milieu scolaire peut être assez agressif et nos plus jeunes ne sont pas toujours ” armés” pour y faire face, je pense. Apparemment les mauvais traitements ne viennent pas que des autres enfants. … Je me suis toubours demandé : Pour bien grandir doit on vraiment être exposé à tout ça si tôt ? Est ce vraiment formateur ? D’où vient cette idée que pour grandir il faudrait être placé en milieu hostile ? Moi ça me rappelle un peu le communisme qui prône la lutte pour “progresser”. Pour mes enfants j’ai fini par prendre une décision mûrement réfléchie et je les vois enfin heureux équilibrés et épanouis. Et moi aussi d’ailleurs parce que ca me peinait tout ce qu’ils me racontaient. Pas que du négatif bien sûr à l’école mais suffisamment pour m’interroger sur le bien fondé de l’institution dans son état actuel. Si ca vous intéresse je décris le processus ici https://eduquer-avec-sagesse.com/les-5-vertus-de-lecole-a-la-maison/

  6. Ton point de vue sur la question est vraiment très intéressant. Je ne pensais pas que les conséquences d’une non réponse sur une crainte ou une interrogation pouvait entraîner autant de conséquences. Merci d’avoir enrichi ma réflexion 🙂

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