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La gestion des émotions chez l’enfant

Il y a une semaine j’évoquais avec vous sur la page la réunion à laquelle j’ai assisté sur le thème de la gestion des émotions de l’enfant (C.TOMASI – ACEPP Rhône). Aujourd’hui je reviens sur le sujet ô combien complexe qui nous déstabilise parfois, nous, parents.

Joie, peur, tristesse, colère… les enfants, comme les adultes, ressentent diverses émotions

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

« Il n’est pas toujours facile d’écouter les émotions des enfants. Elles nous remuent, menacent notre sentiment d’être « une bonne mère », ou « un bon père ». Elles nous insécurisent : « que dois-je faire ? ». Extrait du livre « Au cœur des émotions de l’enfant » d’Isabelle Filliozat.

Les difficultés rencontrées face aux émotions de l’enfant est le fait que celles-ci nous renvoient, nous adultes, à nos propres émotions.

Tout d’abord, il est important de différencier ce que l’on fait et ce que l’on est. On peut exprimer une émotion mais nous ne sommes pas l’émotion. Un enfant qui exprime de la colère n’est pas nécessairement colérique. Les émotions ne sont pas l’expression d’un caprice ou d’une comédie mais plutôt le fait que l’enfant ne sait pas comment interpréter ses émotions, comment gérer ce trop-plein qui surgit en lui.

Les émotions s’invitent en nous sans y être invitées. Nous avons besoin de les exprimer mais leurs manifestations peuvent être difficiles à vivre pour nous et notre entourage. L’enfant ne sait pas et ne comprend pas ce qui se passe en lui. Néanmoins, il est important qu’il les vive car cela lui permet de se sentir en sécurité. C’est une force que de ne pas avoir peur de ses émotions. Pour cela, les adultes doivent être capables de l’accompagner.

Il y a donc un double enjeu : arriver à maîtriser ses émotions et réussir à les exprimer pour qu’elles puissent être vivables pour soi et pour les autres.

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

Pour les maîtriser et les exprimer il faut être capable de les repérer. Pour cela il est nécessaire de comprendre que les émotions sont liées à un besoin. Il faudra alors reconnaître ses besoins et ceux des autres. Si le besoin est ignoré l’émotion explose. L’adulte est capable de stopper des réactions automatiques mais pas l’enfant. La posture de l’adulte sera donc un rôle d’accompagnateur qui permettra à l’enfant de comprendre ce qu’il vit dans ce qu’il ressent, ce qui se passe dans son corps, quels sont ses besoins et comment les exprimer. Tout l’intérêt est donc de demander « qu’est ce qui se passe ? » afin de prendre en compte l’émotion et les besoins de l’enfant. En nommant les choses et en en parlant avec lui cela lui permettra de se construire. Ne banalisez pas l’émotion d’un enfant. Accompagnez-le pour lui permettre de la contenir par des phrases comme « je comprends ».

 

Qu’est-ce qu’une émotion ?

« E-motion. E = vers l’extérieur et Motion = mouvement. L’émotion est le mouvement de la vie en soi.  C’est un mouvement qui part de l’intérieur et s’exprime à l’extérieur. C’est le mouvement de ma vie qui me dit et qui dit à mon environnement qui je suis ». Extrait du livre « Au cœur des émotions de l’enfant » d’Isabelle Filliozat.

 

Décortiquons 4 d’entre-elles : la joie, la tristesse, la colère et la peur

 

La joie 

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

C’est une expression de la satisfaction qui peut être paisible ou source d’excitation (comme par exemple lorsque vous venez récupérer vos loulous quelque part et qu’ils n’écoutent plus, courent dans tous les sens).

Elle génère un apaisement général qui permet de se remettre rapidement des contrariétés.

L’amour et la joie nous construisent. Un parent empli de joie intérieur la transmet à ses enfants. D’où l’importance de mettre certaines émotions de côté en tant qu’adulte face à l’enfant.

La tristesse 

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

Elle est liée à un sentiment de perte ou à un manque au niveau affectif. Elle provoque une chute d’énergie et un manque d’enthousiasme pour les distractions et les plaisirs. Elle incite à un repli sur soi ou même de l’agitation comme si l’enfant voulait se défendre de cette émotion qui l’envahit (ce sera par exemple le cas d’un enfant qui, submergé par le départ de ses parents le matin, ira mordre un copain).

Les pleurs soulagent et permettent de ne pas garder la tristesse au fond de soi surtout si on pleure dans les bras de quelqu’un qui sait accueillir les larmes sans les stopper, sans les juger, sans conseiller. L’adulte face à l’enfant devra donc faire preuve d’écoute, de compréhension et d’empathie afin de le libérer de sa tristesse.

La colère 

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

C’est l’affirmation d’une volonté personnelle. Un enfant en colère est un enfant qui ne renonce pas. Certains enfants, plutôt que d’être en colère se replient sur eux-mêmes quand ils sentent que leur besoin ne sera pas satisfait. Lorsque l’enfant ne peut pas accéder à son besoin (par exemple réussir à grimper seul sur le canapé) ou à son envie (avoir l’attention de ses parents…) il a l’impression de ne plus exister, de ne pas être reconnu et de ne pas être considéré. La colère est une émotion forte mais ce n’est pas de la comédie. Elle est nécessaire pour la construction de soi : elle permet de se faire respecter et de faire face à la frustration.

L’enfant a besoin d’expérimenter qu’il ne détruit pas l’adulte avec ses émotions, ni même lui. Comme je le disais plus haut l’adulte devra être figure d’accompagnateur et savoir mettre ses propres émotions de côtés au service de l’enfant. Si le parent se met en colère lorsque l’enfant se met en colère, au lieu d’écouter le besoin qu’il essaye d’exprimer par cette émotion, l’enfant aura un sentiment de culpabilité et d’angoisse : « je déstabilise mes parents par mes émotions ». Cela lui donnera le sentiment de ne pas pouvoir gérer sa propre émotion face à un référent qui lui-même n’y parvient pas.

Il faut différencier la colère de la violence. La violence est le refoulement de la colère, qui elle, signale un besoin. Il est donc nécessaire « d’accusé réception » du ressenti de l’autre en étant à son écoute. Interpréter le comportement de colère de votre enfant en disant « tu es fatigué » sera vécu comme une humiliation.

Si je transpose avec une conversation entre adulte, imaginez la situation suivante : vous rentrez du travail et la maison est en bazar ou le repas non fait, peu importe, quelque chose vous met en colère. Vous vous mettez donc en colère et vous vous en prenez à votre conjoint et celui-ci vous répond : « houlà, t’es fatigué(e), tu devrais aller te coucher ! ». Quelle serait votre réaction ? Vous voyez où je veux en venir ? Personnellement, j’explose. Pourquoi ? Parce que mon besoin n’est pas écouté mais plutôt refoulé. Alors que si mon conjoint me demandait ce qui se passe, me permettant de m’exprimer et répondait en retour un « je comprends » cela m’apaiserait bien plus puisque je serais entendue. Pour l’enfant c’est la même chose. Nous, adultes, avons tendance à refouler ce qu’essayent de nous dire nos enfants lorsqu’ils se mettent en colère et que nous leur répondons « t’es fatigué, tu vas te coucher ».

Je vous donne un autre exemple. Mon fils, chaque soir (ou quasiment) se met à hurler lorsque je lui dis de passer au WC (le rituel étant WC, brossage de dents, pyjama, histoire et dodo). A chaque fois sa réaction me met en colère (cf. plus haut, ce n’est pas du tout ce qu’il faut faire…). Je ne comprends pas puisque c’est comme tous les soirs, donc pas de raison « visible » qu’il se mette en colère. En réalité ce n’est pas le passage au WC qui le met en colère mais plutôt le fait que cela lui signale « je vais aller me coucher ». Et cela le ramène à « que se passe-t-il lorsque je suis couché ? », « que font mes parents ? », « Ils discutent ? », « se disputent ?», « pourquoi ? », ou peut-être « et pourquoi ma petite sœur, elle, se relève et retourne auprès de mes parents et moi non ? ». Pendant un moment, comme beaucoup de parents, nous attendions que loulou soit couché pour discuter entre adultes. Ce qu’il essaye de nous faire comprendre aujourd’hui, je pense, c’est qu’il a besoin d’être rassuré sur cette situation.

Pensez à maîtriser votre propre émotion par exemple en baissant le niveau sonore de la discussion, votre enfant aura tendance à vous imiter.

La peur 

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

C’est une réaction face à un danger ou une menace lorsque l’enfant ne se trouve pas suffisamment en confiance. Cela peut être le cas également chez les parents qui ont par exemple peur qu’une tierce personne prenne leur place. La confiance ne se décrète pas, elle se construit petit à petit.

Toutes les peurs sont à respecter et à accompagner. Il n’y en a pas une à négliger.

Les terreurs nocturnes disent les émotions mal vécues dans la journée.

Une peur qui peut vous sembler insignifiante avec vos yeux d’adultes ne le sera pas pour l’enfant (ou un autre adulte). Par exemple, la peur de l’eau. « Obliger » son enfant à entrer dans l’eau alors qu’il a peur, sous prétexte que vous lui disiez « mais non regarde ça ne fait pas peur, je suis avec toi » revient à refouler son émotion. Un enfant accompagné dans sa peur, saura un jour la surmonter, un enfant dont la peur est refoulée ne pourra peut-être jamais s’en défaire.

Les étapes à respecter dans l’accompagnement de la peur : la respecter, l’écouter, la comprendre, la dédramatiser (moi aussi j’ai peur de telle chose), chercher d’où elle provient. Donnez à votre enfant les moyens d’affronter ses peurs à son rythme. Faites-lui confiance, laissez-lui le temps.

 

Accueillez les émotions de votre enfant

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

L’émotion d’un enfant a besoin d’être reçue par quelqu’un qui va lui donner du sens. Il a besoin de l’aide d’un adulte pour s’apaiser, se consoler et se réconforter car il ne peut le faire seul. Cela nécessite pour le parent d’être à l’écoute et de chercher à comprendre ce qui a déclenché le comportement.

Pourquoi tape-t-il ? C’est souvent une réaction de défense lorsqu’il se sent attaqué ou démuni

Pourquoi est-il agité ? C’est souvent un sentiment d’insécurité et d’inquiétude

Pourquoi a-t-il sursauté ? C’est la porte qui a claqué…

C’est en observant votre enfant que vous comprendrez ce qu’il exprime. Cherchez à vous mettre à sa place pour partager son émotion, la comprendre et lui permettre de donner du sens à ce qu’il ressent.

Il faut ainsi reconnaitre l’émotion sans la banaliser en évitant les expressions du type « ce n’est pas grave », « ce n’est rien ». Pour lui ce n’est pas rien. Par exemple il a peut-être eu peur en tombant.

N’empêchez pas l’expression de l’émotion « ne pleure pas ! », « n’aie pas peur ! ». Partagez plutôt son émotion avec lui pour ne pas qu’il se sente seul face à elle. Cela apaise, soulage et permet de « se reprendre ».

Préférez donc des tournures comme « c’est difficile pour toi, je vais te manquer » ou encore « je comprends que tu sois en colère, tu aurais aimé y arriver ».

 

Guidez-le

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

L’enfant a besoin d’un adulte qui soit « un allié » : « je suis avec toi, je te comprends ».

Toutes les émotions doivent être acceptées sinon l’enfant apprendra à les réprimer et à ne pas exprimer ce qu’il ressent, ce qu’il est. Mais tous les comportements liés aux émotions ne peuvent être acceptés. Même s’il est triste ou en colère on ne peut pas accepter qu’un enfant tape, morde etc… L’enfant a donc besoin de l’adulte (qui lui va reconnaître l’émotion et reconnaître l’enfant dans ce qu’il ressent) pour l’aider à s’exprimer d’une façon qui soit « socialement acceptable ».

Ainsi, comment prendre en compte l’autre sans renoncer à être soi ?

Ce n’est pas pour punir l’enfant de son comportement que vous lui demanderez d’aller « se calmer » sur une chaise mais c’est pour l’aider à s’apaiser. Ou pourquoi pas lui permettre de jouer dans un endroit plus calme, éloigné un peu des autres, lorsque la proximité avec eux se fera difficile. Vous chercherez ainsi à lui apporter votre aide, non un rejet.

 

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Extrait du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” Ed. Auzou

Les émotions jouent un rôle important dans la communication car elles disent quelque chose de nous, de notre besoin et de notre degré de satisfaction. Prendre conscience de ses émotions permettra à votre enfant de les maîtriser. Il faudra alors l’amener à détecter et formuler ses émotions dès leurs premiers signes. Cela lui évitera des actes irréfléchis et lui permettra de garder sa présence d’esprit en toutes circonstances. Entretenez l’optimisme de votre enfant en recherchant la cause des échecs dans la situation qu’il vient de vivre. A travers de l’empathie, de l’observation et de l’écoute vous permettrez à votre enfant de passer d’un ressenti émotionnel à une expression émotionnelle.

Tout ce que je viens de vous exposez n’est pas valable uniquement pour les enfants mais également dans les échanges entre adultes (à transposer bien évidement selon les situations 😉 ).

Lectures conseillées pour petits et grands 😉

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4 commentaires sur “La gestion des émotions chez l’enfant”

    1. Il est super car il couvre une large palette des émotions et l’enfant arrive bien à s’identifier. Mon loulou l’adore aussi 😉
      Et de rien ! Je suis heureuse de pouvoir transmettre ce que j’apprends à droite à gauche surtout si ça peut aider 🙂

    1. Bonjour,
      Pour l’acheter sur internet il vous suffit de cliquer sur l’image en bas de l’article.
      Sinon vous pouvez vous le procurer en librairie il s’agit du livre “le loup qui apprivoisait ses émotions” des Editions Auzou.

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